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DowntownTokyo
20 avril 2011

Enryo Suru

«Les femmes sont parties pour ne pas déranger»

Réfugiés . A Ishinomaki, les survivants se font les plus discrets possibles dans les centres d’accueil.

http://www.liberation.fr/monde/01012329578-les-femmes-sont-parties-pour-ne-pas-deranger

Dans la cour d’une école, des vieux au visage buriné sont rassemblés autour d’un brasero. C’est bientôt l’heure du repas et les femmes s’affairent devant de gros chaudrons d’eau. «J’ai été réfugiée ici durant trois jours, je reviens juste donner un coup de main», dit l’une d’elles, une louche à la main. Beaucoup de sinistrés ont choisi de rentrer chez eux afin de ne pas dépendre des centres de refuge disséminés dans la préfecture de Miyagi.

«Des milliers de gens ont tout perdu. Leur maison, leur quartier ont été engloutis. Normal qu’ils soient prioritaires.» Cette femme qui habite sur les contreforts de la ville d’Ishinomaki a subi des dégâts matériels dus au séisme mais n’a pas souffert du tsunami. «Le raz-de-marée s’est arrêté à quelques pâtés de ma maison. Nous avons la chance de ne pas habiter près de la côte.»

Pourtant, pour tous ceux qui disposent encore d’un logis, les conditions de vie sont parfois plus dures que dans les structures d’accueil qui bénéficient d’aides alimentaires et de générateurs. «Il fait froid, nous n’avons pas d’électricité, on manque de vivres, mais personne n’oserait demander à manger dans les centres, par égard pour ceux qui n’ont plus rien.» Dans la culture japonaise, on appelle ça enryo, cette gêne ou réserve éprouvée quand on a peur de déranger.

Dans le village voisin de Minamisanriku, beaucoup dorment dans des voitures ou des conteneurs. «Il reste les personnes âgées et les hommes. Les femmes et les enfants en bas âge sont partis pour ne pas déranger avec le bruit», dit un pêcheur qui tient un centre de réfugiés. Les grands-mères assises sur le tatami acquiescent, souriantes, en offrant un bol de riz. Le village, bâti sur une colline qui fait face à la mer, a subi beaucoup de pertes humaines mais n’a pas perdu son sens de l’hospitalité.

«Nous allons rafistoler les maisons avec des bâches et des planches. Il y a des vivres dans les décombres, mais il manque des sous-vêtements de rechange pour les femmes», déplore le marin. Sans eau courante ni gaz, les sinistrés doivent supporter de ne pas se laver ni se changer, ce qui, pour un Japonais, est quasi aussi grave que de mourir de faim.«Les pêcheurs d’ici ont perdu 150 bateaux dans le tsunami. Nous n’avons plus rien, les champs sont inutilisables, mais même si des logements sont construits ailleurs, les gens d’ici n’iront pas.» On dit que les pêcheurs sont les plus rodés aux tsunamis et ils sont liés à l’océan dans le meilleur comme dans le pire. «Nous appartenons à la mer», sourit l’homme.

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Commentaires
J
"les sinistrés doivent supporter de ne pas se laver ni se changer, ce qui, pour un Japonais, est quasi aussi grave que de mourir de faim."<br /> <br /> ?!?<br /> <br /> non mais qu'est-ce qu'il ne faut pas lire comme aneries ...
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