Dans la zone sinistrée, les enfants reprennent le chemin de l'école
J'avais vu un reportage sur NHK lors de la sotsugyôshiki (cérémonie de fin d'étude, de passage au niveau supérieur) un reportage d'élèves survivants qui m'avait vraiment touché. Des élèves rescapés qui revenaient en cours pour les derniers jours de classe mais avaient perdu des camarades. Comment se reconstruire après ça?
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Les cours reprennent cette semaine dans certaines écoles du nord-est du Japon, sinistré par le séisme du 11 mars dernier. L'atmosphère est morbide : beaucoup d'écoliers, ainsi que leurs professeurs, sont décédés. Les écoliers épargnés sont regroupés dans les quelques écoles encore debout.
Des arbres morts et des tonnes de boue entravent toujours la cour de récréation de l'une des écoles élémentaires d'Ishinomaki, une ville située dans la préfecture sinistrée de Miyagi. Sur les 108 enfants de cette école, 74 sont décédés et seul un professeur a survécu.
C'est dans un climat sinistre que les enfants vont reprendre les cours cette semaine. Cette école élémentaire étant trop endommagée pour les accueillir, une école épargnée des environs leur prête quatre salles de cours.
Si les autorités tiennent absolument à ce que les cours reprennent pour les étudiants qui "doivent sortir d'un esprit de crise", les parents des victimes trouvent cela bien trop tôt.
La petite de Naomi Hiratsuka était inscrite en classe de CE2 dans cette école. Le 11 mars dernier, elle est décédée, emportée par la vague. "Je ne suis pas prête à repenser à l'école. Ils n'ont même pas encore retrouvé ma fille", confie cette mère meurtrie à AP.
Pour les parents d'élèves de cette école, le chagrin est mêlé à une colère intense. Ils reprochent aux professeurs d'être partiellement responsables du décès de leurs enfants pour n'avoir pas géré correctement la situation de crise.
Lorsque le tsunami est arrivé, les professeurs auraient dit aux élèves d'aller sous leur bureaux puis les auraient fait sortir dans la cour pour chercher un lieu de refuge en hauteur. Trop tard, la vague les a emporté. Les officiels de la ville se sont excusés pour cette tragédie.
Dans l'école voisine baptisée Okaido, c'est tout le contraire. Ici les parents estiment que les enfants seraient tous morts si les professeurs n'avaient pas réagi avec autant de professionnalisme. "Les professeurs ont littéralement sauvé les enfants !, a confié un parent d'élève au Christian Science Monitor.
Dans cette école, les professeurs ont emmené les enfants et les voisins au 2ème, puis au 3ème étage où ils sont restés plus de trois jours sans eau, nourriture, ni électricité.
"Il faisait extrêmement froid", raconte le proviseur de l'école, Hideki Toyohara, au journal américain. Les professeurs ont déchiré les rideaux pour les utiliser comme couverture, puis ils ont donné des vêtements de gym aux enfants pour se vêtir, ainsi que des snacks".
Avant la rentrée, qui a lieu dans 3 jours, les professeurs de cette école ont reçu plusieurs sessions de formation par des psychologues pour enfants sur les traumatismes. Le principal de l'école pense aussi qu'ils vont davantage utiliser la musique dans le système éducatif pour apaiser les petits.
Mais au bureau de l'éducation de la ville, on s'inquiète beaucoup pour les professeurs eux-mêmes. "Je suis très inquiète pour eux. Je pense qu'ils sont épuisés et qu'ils ont vraiment besoin d'aide", explique Ayato Ota, la directrice de l'institution.
Dans les préfectures de Fukushima, de Miyagi et d'Iwate, plus de 1000 étudiants sont morts ou toujours portés disparus à ce jour. Quelques centaines d'écoles ont besoin de grands travaux de rénovation, tandis que celles encore debout servent, pour la plupart, toujours de centre d'accueil pour les sans abris.