La vie doit reprendre
Vous avez été nombreux à me demander pourquoi il n'y avait plus de nouveaux billets. Et bien tout simplement parce qu'au bout d'un moment on finit par saturer. Des heures à chercher, lire, analyser les informations. Je n'arrive plus à suivre. Aussi la vie a repris son cours. La situation va être mauvaise pendant longtemps mais on peut dire que c'est stabilisé.....pour les gens de Tokyo. Dans le nord c'est toujours aussi chaotique.
Samedi pour la 1ère fois depuis le séisme je suis repartie à Shibuya. On devait fêter l'annivesaire d'un ami autour d'un yakiniku (barbecue coréen). Les gens vivent normalement ici. Ceci dit pour un samedi soir on aurait pu dire qu'il y avait un peu moins de monde que d'habitude. Mais toute la soirée j'avais une sensation étrange. C'est sur le chemin du retour que je m'en suis rendue compte. Déjà devant la station de Shibuya, sur la célèbre grande place à côté de la statue d'Hachiko on entendait vraiment la foule. C'est la 1ère fois de ma vie que j'entends distinctement les gens à cet endroit. D'habitude quand on sort de la gare on est bombardé par des publicités dans tous les sens, les écrans géants, les haut-parleurs....La lumière aussi. J'avais complètement oublié qu'avec les soucis d'économie d'énergie les commerces s'étaient engagés à éteindre les néons et toutes les lumières inutiles. Mais rendez vous compte, les écrans commerciaux géants aussi sont éteints. Alors qu'en France les gens râlent d'avoir de la pub sur les articles parlant du Japon sur le net ici les publicitaires n'hésitent pas à se faire discrets malgré les millions que ça leur fait perdre. Je n'ai plus rallumé la TV depuis ce fameux 11 mars mais à ce qu'il paraît c'est la même chose à la TV. Or on est dans THE pays avec les USA de la publicité et du marketing à outrance.
J'avoue que ça ne m'a pas déplu de voir que les gens s'étaient ré-approprié l'espace en quelque sorte. J'aurais bien aimé que ce soit comme ça du temps où j'y habitais pour qu'après une longue journée de travail et du temps passé dans les transports on n'ait pas en plus toute cette pollution sonore et visuelle. Je vous assure ça plus la foule, tous les jours, ça fatigue. Mais d'un autre côté ça m'a fait mal au coeur de voir ça car ces écrans géants, tout ce bruit et ces lumières, c'est l'âme de Shibuya. Qu'ils soient en berne est bien la preuve que quelque chose de gros est cassé quelque part. Shibuya sans ses écrans géants impensable pour moi. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai mis un temps à m'en rendre compte. Mais les jeunes étaient bien présents, prêt à faire la fête comme d'habitude, j'ai même vu des familles avec de jeunes enfants au restaurant. Preuve que l'espoir est là et que la vie continue.