Certains expats parlent maintenant de revenir et donnent des leçons comme de ne pas céder à la panique

...facile à dire quand on a été le 1er à fuir sans réfléchir et qu'on tient ces propos depuis très très loin -__-

Ceci dit même si j'ai trouvé abusé le comportement de certains voir même pathétique, je ne fais pas partie de ceux qui les "méprisent". En ce moment l'heure des comptes commence et on voit clairement 2 bords qui se créent. Ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. Or il est déjà assez difficile comme ça d'être un étranger au Japon, ce n'est pas le moment de nous quereller entre nous.

Je trouve plutôt ça triste pour le Japon qui donne énormément à ces gens mais en cas de pépin on oublie tout ça et on déserte en abandonnant ses anciens amis. Là je parle comme ça pour les gens de Tokyo, évidemment que les personnes dans les zones sinistrées devaient partir sans se poser de question. Ce qui me fait froid dans le dos c'est de me demander et si demain Tokyo est bombardée ou subit un tremblement de terre meurtrier, ça va être 10 fois pire et comment allons nous faire avec cette gestion défaillante à l'ambassade? Beaucoup ici ont été choqués et révoltés par cette attitude mais il faut aussi faire du cas par cas. Une poignée d'expats est bien restée. Surtout des anglo saxons.

Bon si ce n'est pas la majorité certains ont vraiment été choqués d'un point de vue psychologique. Dans ces moments là même résoudre la simple opération 2x2=4 peut s'avérer impossible. Ce fut l'hystérie générale, les gens sont complètement devenus fous. Certains n'ont pas hésité à abandonner leur famille derrière eux (femmes, enfants) car n'ayant pas la nationalité ou le passeport à jour permettant d'être rapatriés ou les finances pour ceux qui sont partis par leurs propres moyens.

J'ai été touchée par le récit d'une jeune française qui préparait sa venue au Japon depuis des années. C'était son rêve et elle avait économisé longuement pour venir en Working Holiday pendant 1 an. Ca faisait 4 mois qu'ils étaient là avec son petit ami. Petit à petit ils se construisaient une vie, espérant rester plus longtemps qu'une seule année. Ils se débrouillaient plutôt bien, avaient un appart sympa dans le centre, avaient pu trouver des petits boulots. Puis le tremblement de terre. Elle a été complètement traumatisée, elle ne dormait plus, faisait des malaises, avait l'illusion que le sol tremblait toujours sous ses pieds.....il fallait partir. Ils sont partis dans la panique par leurs propres moyens qui n'étaient pas énormes. lls ont dû laisser tout ce qu'ils avaient construit jusque là, n'ont même pas pu tout emporter. Direction Osaka d'abord. En shinkansen 15 000 yens....avec si peu de moyens ne pouvaient ils pas attendre quelques heures de plus pour prendre un bus à 4000 yens? Non il fallait sortir de là au plus vite. Une fois à Osaka il fallait payer les hotels et trouver des billets d'avion pour la France. Bouger à Osaka en attendant que ça se calme n'était ce pas suffisant? Non il fallait partir loin, très loin. On aurait cru des réfugiés qui fuyaient la guerre. Elle n'a plus un sou, tout est partie dans cette fuite. Et même si elle peut revenir au Japon finir son visa (on ne peut obtenir ce visa qu'une fois dans sa vie) elle n'a plus rien pour reconstruire (terme un peu déplacé quand on pense à ceux du nord qui ont tout perdu et qui eux doivent vraiment reconstruire).

Quand je vois ça évidemment je me dis que c'est vraiment stupide et puis quel gâchis, mais d'un autre côté je peux comprendre qu'elle ait été traumatisée à ce point. Nous ne sommes pas tous égaux face à l'adversité. Déjà qu'il faut avoir une volonté assez forte pour s'installer par ses propres moyens, sans aucune assistance, dans un pays tel que le Japon, si on n'est plus serein ce n'est pas la peine, autant effectivement rentrer.

Tout ça pour dire que je trouve un peu durs les mots qu'on entend de ci de là, "pique assiettes", "parasites", "rats qui désertent le navire"......mais une chose est sûre, ceux qui vont revenir tel un cheveu sur la soupe une fois les choses calmées vont soit devoir rester entre eux (c'était déjà le cas en ce qui concernent les expats de toute façon) soit se faire très très discrets.

Sinon un autre commentaire sur notre pauvre ambassade de France

"Merci Madjid !

Merci pour la pertinence de ces propos et leur décence face à la déconfiture de l'administration française dans la forme et dans le fond (surtout !) parce que nous (Français) avons adhéré à la forme exclusivement en négligeant (oubliant finalement?) le fond.

Merci pour la franchise qui émane de ces lignes et pour l'indignation justifiée sans lesquelles nous pourrions avoir honte d'être Français et si mal représentés 'officiellement' en dehors de l'Hexagone...

J'ai vécu suffisant à l'étranger (dans des circonstances beaucoup moins dramatiques) pour pouvoir partager ces ressentis ; en dehors des groupes d'expatriés préoccupés essentiellement de leurs ambitions pécuniaires, montrant aucun et au mieux très peu d'intérêt pour les gens ou la culture du pays d'accueil, vivant en vase totalement clos et parlant très rarement la langue officielle du pays, j’ai découvert des employés d'ambassades et de consulats, d'instances publiques représentatives et para publiques, à tous les niveaux, qui prennent des cours de langue parce que, au-delà de la langue vernaculaire, ils ne savent pas même pas tenir une conversation en Anglais !!! D'où pêche-t-on ses personnes qui nous représentent si mal, qui ne pensent qu’à elles-mêmes et dont j'ai pu avoir honte si souvent...

Et, enfin et par dessus tout, cette fuite au moindre risque "avéré" (et pourtant connu) sans la moindre considération pour le pays d'accueil, sans le moindre égard pour ses habitants... Tandis que les médias se focalisent sur les fuyards sans parler de la détermination de ceux qui restent ; « une certaine lâcheté préférée à un courage certain », on peut se poser des questions. Il y a comme une gêne, et "aucune élégance morale »...

J’ai un peu honte de tout cela mais votre prise de position me rassure et me rassérène avec une France qui n’est pas tout à fait morte et dans laquelle une certaine grandeur survie malgré les impostures.

Merci encore et Bon Courage !"